Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sueños Madrileños
14 janvier 2008

Une érotique devenue politique

Je n'ai pas encore rejoint le camp des moralistes, de ceux qui s'indignent de voir la vie privée exposée. Etrangement, même si la vie de chacun ne m'intéresse guère, je ne vois pas de gloire exemplaire à la cacher. L'humain est un être à part entière et l'idée qu'il pourrait se couper en deux entre une identité publique et une identité privée m'est toujours apparu comme une absurdité . Mais lorsqu'une identité privée fait le choix de s'afficher dans la sphère publique, alors elle devient une question politique. Montrer ses fesses à la rue, c'est d'emblée faire de cette représentation une question collective qui touche à la cité. Je ne suis pas le plus doué pour commenter la vie publique ou privée du couple le plus en vue de la République Française. D'ailleurs, c'est exactement le genre de couples qui pourrait n'exister que sur la scène publique. Dieu seul sait, si leur activité sexuelle est digne de ce nom et peu m'importe, leur seule réalité pour nous tous c'est que ce couple est devenu une question politique. Cette question politique, c'est bien celle de la réprésentation qu'il nous renvoie d'un couple et de son rapport. Ce qui m'a fait penser à ce sujet, ce n'est qu'une image, une de ces fameuses photos de leur voyage en Egypte qui pour moi parvient à tout résumer. Cette photo représente une position de couple, photo d'amoureux diront certains, les positions en font pour moi une érotique, une érotique qui posée sur la place publique devient une politique. Ce qui saute aux yeux, c'est la position de cette femme. Cette femme dont les formes ont étés connues de tous alors qu'elle était modèle et dont une simple recherche google vous dévoile la tenue d'Eve. Cette femme qui a adopté la posture publique de la "mangeuse d'homme". Cette femme dont vous pouvez apercevoir la lisière de la culotte qui dépasse. Cette femme dont les formes du visage semble respirer les quelques couches de Bottox. Cette femme devient finalement la représentation de la femme tel qu'elle devrait être, la femme se résume d'abord, à un corps, comme objet. La femme n'est plus celle de la maison, elle est celle capable d'incarner le désir sexuel à tout moment. Une femme est un corps privé de voix (certes celle-ci chante, mais contrairement à de nombreuses firsts ladys celle-ci ne s'illustre ni par les opérations spectaculaires qu'elles soient pièces jaunes ou commandos lybiens). Mais elle n'est pas pour autant une femme à la maison, mais une femme qui a ses propres domaines et qualités, les arts et le spectacle, et sa propre autonomie. Mais pourtant, pour moi là n'est pas le point central de cette image. L'homme, lui se positionne comme incarnation de la voix. C'est un homme qui sait "dar la talla", tenir sa femme, il incarne la force. L'homme est valorisé par sa femme. Mais plus que ça, l'homme en lui-même est un être à capacité, qui donne le tempo, l'homme lui aussi est objet de désir. Mais le désir, ce n'est pas son corps, ce n'est pas son apparence physique de prime abord, mais l'idée qu'il représente. Celle du pouvoir d'abord, indéfiniment lié à celle de l'argent. Mais au-delà de son pouvoir temporel, il incarne une masculinité de puissance. Finalement, Sarkozy renvoie l'image d'un homme antithétique à cette homme fragile qui fait le quotidien et qui partout s'épuise et s'effondre sous les coups de la normalité masculine, il incarne l'extremité d'un continuum a l'autre bout duquel se situe celui pleins de doutes, la figure de l'éjaculateur précoce. De celui qui ne peut se pavanner aux côtés d'une femme qui incarne l'érotique et le désir. La relation de couple qui nous est présenté n'est pas une relation classique, elle n'est pas une relation de domination et de soumission. Elle est celle d'un pouvoir mutuel, dans lequel chacun se renforce et se rassure. Le pouvoir de l'un entretient le pouvoir de l'autre. Mais c'est aussi une répresentation qui fait de la sexualité un devoir, une mission, au final même une compétition dont les rendements sont à justifier. Cette question n'est pas au final pas si anodine, en se projetant ainsi publiquement, Carla Bruni et Nicolas Sarkozy, nous envoie face à nous un projet l'idée d'un projet de couple, comme représentation politique dominante, et indirectement écrasante pour les sexualités marginales, les sexualités plus faibles. Mais elle nous renvoie aussi un projet politique qu'il faut absolument combattre, celui d'un différentialisme accrue où l'essentialisme déjà présent d'un côté et de l'autre de la campagne présidentielle prend toute sa place. L'identité de genre n'est pas seulement un commentaire d'intellectuels, mais un espace politique que nous ne devons pas abandonner au risque de rendre beaucoup de vies peu vivables sous le poids écrasant de la norme. PS : En une de l'Obs trônent les fesses de De Beauvoir et celle de Carla Bruni sont en lignes, est-ce être si conservateur que de demander au moins à voir celles de Sartre et Sarkozy ?
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité