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Sueños Madrileños

14 janvier 2008

Une érotique devenue politique

Je n'ai pas encore rejoint le camp des moralistes, de ceux qui s'indignent de voir la vie privée exposée. Etrangement, même si la vie de chacun ne m'intéresse guère, je ne vois pas de gloire exemplaire à la cacher. L'humain est un être à part entière et l'idée qu'il pourrait se couper en deux entre une identité publique et une identité privée m'est toujours apparu comme une absurdité . Mais lorsqu'une identité privée fait le choix de s'afficher dans la sphère publique, alors elle devient une question politique. Montrer ses fesses à la rue, c'est d'emblée faire de cette représentation une question collective qui touche à la cité. Je ne suis pas le plus doué pour commenter la vie publique ou privée du couple le plus en vue de la République Française. D'ailleurs, c'est exactement le genre de couples qui pourrait n'exister que sur la scène publique. Dieu seul sait, si leur activité sexuelle est digne de ce nom et peu m'importe, leur seule réalité pour nous tous c'est que ce couple est devenu une question politique. Cette question politique, c'est bien celle de la réprésentation qu'il nous renvoie d'un couple et de son rapport. Ce qui m'a fait penser à ce sujet, ce n'est qu'une image, une de ces fameuses photos de leur voyage en Egypte qui pour moi parvient à tout résumer. Cette photo représente une position de couple, photo d'amoureux diront certains, les positions en font pour moi une érotique, une érotique qui posée sur la place publique devient une politique. Ce qui saute aux yeux, c'est la position de cette femme. Cette femme dont les formes ont étés connues de tous alors qu'elle était modèle et dont une simple recherche google vous dévoile la tenue d'Eve. Cette femme qui a adopté la posture publique de la "mangeuse d'homme". Cette femme dont vous pouvez apercevoir la lisière de la culotte qui dépasse. Cette femme dont les formes du visage semble respirer les quelques couches de Bottox. Cette femme devient finalement la représentation de la femme tel qu'elle devrait être, la femme se résume d'abord, à un corps, comme objet. La femme n'est plus celle de la maison, elle est celle capable d'incarner le désir sexuel à tout moment. Une femme est un corps privé de voix (certes celle-ci chante, mais contrairement à de nombreuses firsts ladys celle-ci ne s'illustre ni par les opérations spectaculaires qu'elles soient pièces jaunes ou commandos lybiens). Mais elle n'est pas pour autant une femme à la maison, mais une femme qui a ses propres domaines et qualités, les arts et le spectacle, et sa propre autonomie. Mais pourtant, pour moi là n'est pas le point central de cette image. L'homme, lui se positionne comme incarnation de la voix. C'est un homme qui sait "dar la talla", tenir sa femme, il incarne la force. L'homme est valorisé par sa femme. Mais plus que ça, l'homme en lui-même est un être à capacité, qui donne le tempo, l'homme lui aussi est objet de désir. Mais le désir, ce n'est pas son corps, ce n'est pas son apparence physique de prime abord, mais l'idée qu'il représente. Celle du pouvoir d'abord, indéfiniment lié à celle de l'argent. Mais au-delà de son pouvoir temporel, il incarne une masculinité de puissance. Finalement, Sarkozy renvoie l'image d'un homme antithétique à cette homme fragile qui fait le quotidien et qui partout s'épuise et s'effondre sous les coups de la normalité masculine, il incarne l'extremité d'un continuum a l'autre bout duquel se situe celui pleins de doutes, la figure de l'éjaculateur précoce. De celui qui ne peut se pavanner aux côtés d'une femme qui incarne l'érotique et le désir. La relation de couple qui nous est présenté n'est pas une relation classique, elle n'est pas une relation de domination et de soumission. Elle est celle d'un pouvoir mutuel, dans lequel chacun se renforce et se rassure. Le pouvoir de l'un entretient le pouvoir de l'autre. Mais c'est aussi une répresentation qui fait de la sexualité un devoir, une mission, au final même une compétition dont les rendements sont à justifier. Cette question n'est pas au final pas si anodine, en se projetant ainsi publiquement, Carla Bruni et Nicolas Sarkozy, nous envoie face à nous un projet l'idée d'un projet de couple, comme représentation politique dominante, et indirectement écrasante pour les sexualités marginales, les sexualités plus faibles. Mais elle nous renvoie aussi un projet politique qu'il faut absolument combattre, celui d'un différentialisme accrue où l'essentialisme déjà présent d'un côté et de l'autre de la campagne présidentielle prend toute sa place. L'identité de genre n'est pas seulement un commentaire d'intellectuels, mais un espace politique que nous ne devons pas abandonner au risque de rendre beaucoup de vies peu vivables sous le poids écrasant de la norme. PS : En une de l'Obs trônent les fesses de De Beauvoir et celle de Carla Bruni sont en lignes, est-ce être si conservateur que de demander au moins à voir celles de Sartre et Sarkozy ?
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14 janvier 2008

Je n'ai pas encore rejoint le camp des

Je n'ai pas encore rejoint le camp des moralistes, de ceux qui s'indignent de voir la vie privée exposée. Etrangement, même si la vie de chacun ne m'intéresse guère, je ne vois pas de gloire exemplaire à la cacher. L'humain est un être à part entière et l'idée qu'il pourrait se couper en deux entre une identité publique et une identité privée m'est toujours apparu comme une absurdité . Mais lorsqu'une identité privée fait le choix de s'afficher dans la sphère publique, alors elle devient une question politique. Montrer ses fesses à la rue, c'est d'emblée faire de cette représentation une question collective qui touche à la cité. Je ne suis pas le plus doué pour commenter la vie publique ou privée du couple le plus en vue de la République Française. D'ailleurs, c'est exactement le genre de couples qui pourrait n'exister que sur la scène publique. Dieu seul sait, si leur activité sexuelle est digne de ce nom et peu m'importe, leur seule réalité pour nous tous c'est que ce couple est devenu une question politique. Cette question politique, c'est bien celle de la réprésentation qu'il nous renvoie d'un couple et de son rapport. Ce qui m'a fait penser à ce sujet, ce n'est qu'une image, une de ces fameuses photos de leur voyage en Egypte qui pour moi parvient à tout résumer. Ce qui saute aux yeux, c'est la position de cette femme. Cette femme dont les formes ont étés connues de tous alors qu'elle était modèle et dont une simple recherche google vous dévoile la tenue d'Eve. Cette femme qui a adopté la posture publique de la "mangeuse d'homme". Cette femme dont vous pouvez apercevoir la lisière de la culotte qui dépasse. Cette femme dont les formes du visage semble respirer les quelques couches de Bottox. Cette femme devient finalement la représentation de la femme tel qu'elle devrait être, la femme se résume d'abord, à un corps, comme objet. La femme n'est plus celle de la maison, elle est celle capable d'incarner le désir sexuel à tout moment. Une femme est un corps privé de voix (certes celle-ci chante, mais contrairement à de nombreuses firsts ladys celle-ci ne s'illustre ni par les opérations spectaculaires qu'elles soient pièces jaunes ou commandos lybiens). Mais elle n'est pas pour autant une femme à la maison, mais une femme qui a ses propres domaines et qualités, les arts et le spectacle, et sa propre autonomie. Mais pourtant, pour moi là n'est pas le point central de cette image. L'homme, lui se positionne comme incarnation de la voix. C'est un homme qui sait "dar la talla", tenir sa femme, il incarne la force. L'homme est valorisé par sa femme. Mais plus que ça, l'homme en lui-même est un être à capacité, qui donne le tempo, l'homme lui aussi est objet de désir. Mais le désir, ce n'est pas son corps, ce n'est pas son apparence physique de prime abord, mais l'idée qu'il représente. Celle du pouvoir d'abord, indéfiniment lié à celle de l'argent. Mais au-delà de son pouvoir temporel, il incarne une masculinité de puissance. Finalement, Sarkozy renvoie l'image d'un homme antithétique à cette homme fragile qui fait le quotidien et qui partout s'épuise et s'effondre sous les coups de la normalité masculine, il incarne l'extremité d'un continuum a l'autre bout duquel se situe celui pleins de doutes, la figure de l'éjaculateur précoce. De celui qui ne peut se pavanner aux côtés d'une femme qui incarne l'érotique et le désir. La relation de couple qui nous est présenté n'est pas une relation classique, elle n'est pas une relation de domination et de soumission. Elle est celle d'un pouvoir mutuel, dans lequel chacun se renforce et se rassure. Le pouvoir de l'un entretient le pouvoir de l'autre. Mais c'est aussi une répresentation qui fait de la sexualité un devoir, une mission, au final même une compétition dont les rendements sont à justifier. Cette question n'est pas au final pas si anodine, en se projetant ainsi publiquement, Carla Bruni et Nicolas Sarkozy, nous envoie face à nous un projet l'idée d'un projet de couple, comme représentation politique dominante, et indirectement écrasante pour les sexualités marginales, les sexualités plus faibles. Mais elle nous renvoie aussi un projet politique qu'il faut absolument combattre, celui d'un différentialisme accrue où l'essentialisme déjà présent d'un côté et de l'autre de la campagne présidentielle prend toute sa place. L'identité de genre n'est pas seulement un commentaire d'intellectuels, mais un espace politique que nous ne devons pas abandonner au risque de rendre beaucoup de vies peu vivables sous le poids écrasant de la norme. PS : En une de l'Obs trônent les fesses de De Beauvoir et celle de Carla Bruni sont en lignes, est-ce être si conservateur que de demander au moins à voir celles de Sartre et Sarkozy ?
2 décembre 2007

Dilemne cornélien

    Je me réveille Samedi, mal au crane, surement trop bu hier soir. Il doit me rester quelques traces de ce séjour à Paris : à peine dormi, visites enfilées, pas une minute de répit. Puis enchainement avec une semaine banale à Madrid. On a beau vous dire qu'à vingt ans vous pouvez tout faire, il m'arrive d'en douter...Ca doit être plus dur après.
    Mais il y a de ça dans l'Erasmus, l'idée de surtout ne pas s'arrêter, de bruler chaque calorie et de chaque jour recommencer. Dans le fond, on reste  les mêmes forgés à l'illusion du toujours plus et du toujours mieux. La fête en devient une compétition, un devoir. Il y a d'ailleurs toujours eu là-dedans quelque chose qui me gêne : c'est comme si il fallait bruler tous nos calories à vingt ans pour pouvoir être mieux catalysés demain. "Nous avons toute la vie pour nous amuser et toute la mort pour nous reposer", d'accord, mais qui a dit que la vie s'arrêtait à vingt ans ?
    Au final, Erasmus prend parfois des allures de Spring break californien matiné de rythmes et cultures d'Europe. Il n'en reste pas moins que je suis comme chacun, je ne veux jamais rien rater et surtout pas les plus belles occasions. A cela s'ajoute, une peur panique de la solitude qui me colle au corps depuis toujours comme de la crasse qui s'accroche. Cette peur de la solitude ne guérit pas, je dirais même qu'elle se creuse à chaque rupture, chaque abandon, chaque au revoir et chaque adieu. Ma guérison n'a toujours été qu'un échapatoire. Etre partout et nulle part à la fois,  être toujours occupé.
    Un peu de ce que nous fait partager Amy Winehouse dans les paroles de Wake Up Alone, l'overbooking c'est au final un palliatif, une voie de soulagement, une manière de ne pas penser à y penser. J'en connais d'autres des pallatifs, mais ces derniers tempsj'évite de trop boire et les autres drogues m'intéressent moins. Je sais c'est ringard.
    Malgré ces résolutions médicales, je ne suis pas sur que j'aurais la force ce jour là . Pourtant, il ne reste que deux heures qui me sépare du départ de mon bus à Salamanca. Voyage road trip avec des copains planifié depuis quelques jours. Escapade de 24h dans cette ville étudiante, que je connais pas, je suis assez avide de découvertes. Pas tellement une soirée banale erasmus, vraiment un plan sympa. Pas d'auberge sur place, plutôt l'idée d'une nuit blanche à Salamanque. Ca promettait d'être un beau week-end. Le billet est pris, les copains m'attendent. Difficile de renoncer à une chose belle comme ça.
    Je me lève, un petit regard dans la glace. Je n'y arriverais pas. Je me recouche, j'hésite. C'est familier chez moi ce genre de décisions insolubles, je suis du genre indécis tendance radicale. Choisir entre ce que dit Papa et ce que dit Maman. Choisir entre une soirée bien et une autre surement aussi bien.  Choisir entre faire de la politique un soir de plus ou diner avec la femme qu'on aime un soir de plus. Choisir entre un week-end au fond du lit ou une expédition à Salamanca...
    Tant pis pour les voyages cette fois-ci je dors. Moins d'émerveillement dans les yeux certes, mais ma tête n'a surement pas la force de faire trop de découvertes. Un peu moins de fête et de sortie ça ne me fera pas de mal. A peine j'ai pris la décision, je le regrette, j'éteins le téléphone, j'allume une cigarette, j'ouvre un bouquin.
    Nous voilà dimanche soir. Pas de regrets. Ca fait du bien de rester tranquille parfois.
    Je ne suis pas sorti. Je vais le faire : j'ai plus de clopes.

30 novembre 2007

Home, sweet home !

C'était un de ces voyages qui ne prend jamais son sens. Porque vas en Paris ? Qu'est ce que tu faisais à Paris ? A vrai dire, la réponse ne peut-être qu'absurde, un voyage prévu il y a longtemps qui ne se justifie pas particulièrement ni par l'éventuel besoin d'un retour aux sources, ni par le mal du pays. J'avais simplement pris mon billet trois mois à l'avance et je partais pour Paris. Juste pour un week-end, le temps d'une escapade entre deux vols Ryanair secoué et serré comme on sait si bien le faire dans ses vols pas chers. Je ne savais pas ce que j'allais trouver, ni vraiment ce que j'y cherchais.
    L'accueil n'en fut pas moins des plus chaleureux. Ils étaient tous là, avec leurs sourires, leurs tristesses, leurs forces et leurs faiblesses, ils étaient tous là du début à la fin pour m'entourer et m'aider. Il y a un âge où l'on peut se dire que même à l'aube de sa vie, on a déjà créer des assises suffisantes pour affronter la vie. Bien sur que toutes ne dureront pas , mais elles nous tiennent chaud. Débarquer comme ça, permet de retrouver tous ses points d'attaches dans toute leur diversité et aussi voir ceux qui manquent, ceux qui ne sont pas là, ceux qui se sont absentés et ceux qui ne reviendront jamais.
    On voit alors pour la première fois son ancien monde avec les yeux du nouveau. On est alors un spectateur de sa propre existence. Premier matin, plus de café, direction place Gambetta et l'arrêt du 26. Ironie du sort que cet arrêt de bus. En m'arrêtant à ce coin précis de cette place je me rends compte qu'on peut tracer avec aisance sur quelques mètres le schéma géométrique d'une vingtaine d'années. Tout est là, cela semble à la fois si petit, si réduit et aussi si grand pour tout ce qui a pu s'y passer. On croit toujours qu'on vit dans des grands espaces, que la ville nous rend anonyme et au final nous ne sommes que l'acteur d'un village, qu'un individu en passage dans un espace finalement si petit.
    De là, je peux presque voir, ma rue, celle de mes écoles, la maternelle, puis la primaire. On peut apercevoir, les pas que je faisais pour aller à mon premier collège. C'est là que j'ai connu les premiers baisers, les premiers pleurs, les premières joies. Je peux voir la maison de Cécile et Nico ou du moins voir le chemin pour y aller. Idem quant aux quelques pas qui me séparent de celle de Nina, pour aller chez Anissa il faut descendre un peu plus bas.cLe bus que j'attends élargit déjà mes horizons. C'est dedans que je suis aller au collège, puis au lycée, c'est là que j'ai fait mes premières conneries, trouvé mes premiers amis dont certains ont disparus. C'est aussi là qu'Elle et moi nous sommes rencontrés. Oui, c'est là la première fois que j'ai osé lui parler, qu'on est devenu amis et qu'on s'est embarqués dans une autre vie. Les arrêts suivants résument le reste : ici le boulot de mes parents, là la nouvelle maison de mon père où vit mon petit frère. Au fond, il y a cet immense lycée où j'ai tant vécu, tant appris. Et puis sur le chemin, il y a bien le début de cette rue qui mène à ce refuge où nous vivions Elle et moi. C'est là que s'est écoulé un an et demi de vie. Je ne voulais pas y aller, mais mes pas m'y ont guidés comme par instinct animal. Je n'aurais pas du venir. Je ne devrais pas être à Paris.
    La seule vérité qu'il reste, ça n'est pas la nostalgie. Tout cela est bel et bien terminé. Ce cadran géometrique n'est peut-être pas épuisé, mais un petit cycle en est du moins terminé. Dans quelques semaines, ils vendront l'immeuble du boulot de mes parents. Les jeunes qui glandent devant le lycée ont des visages inconnus. Celle qui a traversée toutes ses aventures à mes côtés découvre la vie d'adulte dans le froid américain. Dans notre refuge, un autre couple laisse les journées filaient surement sans réaliser que l'éternité elle aussi peut terminer. Voilà, c'est fini. Je n'ai pas de regrets. Tout cela n'est qu'un point de départ, loin de la ligne d'arrivée.
    Ils ont tous étés là pendant quatre jours. Que de chaleurs, que d'amour, ca fait chaud au coeur! Antoine m'a même accompagné à Porte Maillot. Navette retour pour Beauvais. Le métro madrilène n'a pas changé en quelques jours. Me revoila d'un coup à la maison. L'odeur de ce foyer tient chaud. Ils sont plusieurs devant la télé. Marta va se coucher, Mathieu et moi allons préparer à diner. Ca fait du bien d'être de retour à la maison. Home, sweet home.

27 octobre 2007

Al Gore ou la politique c'est terminé

Tonnerre d'applaudissements, autocongratulations appuyés, c'est fou ce que les quelques réseaux écologistes ont pu se féliciter du Prix Nobel donné à Al Gore. Quelques uns se sont contentés de regarder leurs pompes et de féliciter le GIEC. Mais dans la grande majorité, la planète semble pousser un ouf de soulagement et le prix donné à l'ex-vice-président des Etats-Unis semble être un gage que nous allons sauver la planète. Vous ne pouvez plus rater sa tête, il était jeudi à Paris pour béatifier Sarkozy en bon Pape de l'écologie qu'il semble devenu, et vendredi il recevait à Oviedo le premio Principe de Asturias, prix le plus important d'Espagne et d'une importance majeure en Europe. Si vous avez échappé aux commentaires sur son régime alimentaire vous avez de la chance et si vous ne vous êtes pas ruer pour écouter les bonnes paroles de cet apôtre c'est que vous devez faire partie de ces quelques reclus et ermites condamnés aux marges de la société de l'information.
Je ne fais pas partie des "gorophobes" a priori. Je pourrais même dire que tout radical que je peux être parfois, il est surement probable qu'en 2000 aux Etats-Unis j'aurais abandonné Nader pour voter Gore. Son charisme et son intelligence me plaisait sans aucun doute plus que le jospinisme coincé d'un John Kerry. Dans le paysage désolant de la politique américaine, il a souvent fait figure du mieux disant, du moins pire, même si il n'incarne plus aujourd'hui l'espoir.
Pourtant, en apprenant cette récompense l'écolo que je suis n'a pas pu s'empecher de comparer ce Nobel a celui remis à un autre adversaire de l'écologie, l'AIEA qui répand le nucléaire dans le monde entier. Car les écolos qui se félicitent de ce cru 2007 du prix Nobel se font les premiers adversaires d'une politique écologiste. Elle nie le politique dans sa capacité à agir sur l'environnement et à pouvoir changer notre mode de développement.
Al Gore a été vice-président des Etats-Unis pendant huit ans, il reste considéré comme le VP américain le plus actif de l'histoire mais l'écologie ne fera pas partie de son bilan. Pourtant, il ne découvre pas l'environnement aujourd'hui, depuis le début des années 1990 il s'est affiché aux Etats-Unis comme le champion des grandes déclarations et de la sensibilité à la cause environnementale, conjugué au renoncement à l'action une fois au pouvoir.Au grand dam de Greenpeace USA qui l'avait appuyé en 1992, je crois. Le champion de la lutte contre le déréglement climatique n'est pas intervenu dans la négociation de Kyoto pour lever les freins posés alors par les Etats-Unis alors qu'il était aux commandes. Au mieux s'est t'il contenté de "recommander la signature" du protocole pour les USA. Durant huit ans, l'action politique d'Al Gore s'est contenté d'être un vaste enfumage médiatique sans aucun engagement politique effectif alors qu'il disposait des leviers parmi les plus puissants du monde.
Dès lors, à notre âge de la communication, un homme qui n'a rien fait pour agir en politique, mais se contente de faire un film mérite t'il d'être récompensé?
Au-delà même de cette négation du politique que représente ce Prix Nobel, c'est un véritable négoce de la crise écologique qui se met en place. Passons sur la qualité ou non du film et sur ses aspects de blockbuster hollywoodien et de tous les bénefices qui s'en dégage. A l'image de certains télévangélistes à l'américaine, Al Gore est aujourd'hui devenu un diseur de bonnes paroles bien remunérés. Son intervention de moins d'un quart-heure lors du Grenelle ne lui a pas rapporté moins de 100000 euros, il était hier à Palma pour une conférence d'une heure qui lui rapporte 200000€.
Soit on pourrait se dire, que tant mieux pour lui si il s'enrichit et qu'en même temps son action est utile. Mais quel est le message? Dans son film comme dans ses discours, Al Gore nous propose un sentimentalisme de la crise, sans proposer de véritables réponses politiques efficaces. Tout comme il faisait, lorsqu'il était Vice-Président.

Alors, je sais bien qu'à l'ère des enfumages, des opérations de com' et autres Grenelle, la confusion est aisé et l'on tombe facilement dans l'entourloupe. Mais ne nous leurrons pas, cela montre que l'écologie est plus que jamais une question politique. Cela marque une rupture nette entre partisans de l'écologie des bons sentiments emmenés par Nicolas Hulot, Al Gore, etc...et ceux qui croient qu'il est encore possible de changer le monde. Le débat doit avoir lieu, il doit prendre toute sa place, mais moi j'ai choisi mon camp.

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22 octobre 2007

Gorz est mort ! Vive Gorz ?

Salut à toi ami lecteur,

Cela fait maintenant déjà un mois qu'André Gorz s'est éteint. Même le non-initié à l'écologie que tu es peut-être, doit garder une petite idée, au moins savoir qui il était. La mort d'un des plus grands philosophes de l'écologie politique française n'est pas passée totalement inaperçue. Comme quoi, même un intellectuel critique de son temps, du capitalisme, de la société de consommation, du rapport salarial, un penseur ex-marxiste resté influencé par son époque, critique des dérives maoïstes et un militant acharné de la cause antinucléaire peut encore atteindre une véritable reconnaissance. Certes, ce n'était pas Sartre. Je lisais il y a quelques jours, la notice sur Sartre dans Wikipédia. On y relate sa mort et l'onde de choc qu'elle a suscité dans le monde entier. On y relate surtout cette marche de 50000 personnes pour son enterrement que ma grand-mère me racontait il y a quelques années. Et puis, il y a cette phrase : "mot d'un jeune homme à son père : « je suis allé à la manif contre la mort de Sartre ».". Gorz n'aura pas eu droit à sa manif, il n'était de toutes les manières pas l'homme des grandes actions surtout ces dernières années. Il vivait depuis des années replié dans sa campagne avec sa femme avec qui il s'est suicidé ce 24 Septembre 2007. C'était d'ailleurs pour ma génération qui le découvrions sur le tard, une grande frustration que de lire avec acuité les pensées d'un philosophe que nous ne connaitrions jamais, bien qu'ayant partagé avec lui un bout de siècle.

Gorz aura eu droit à d'autres types d'hommages, jusqu'aux plus hautes fonctions, puisque même Sarkozy ira de son éloge funébre. La blogosphère écolo y fait largement référence et à lire les commentaires on est étonné par la taille de son public ou du moins de ceux qui le connaissent, malheuresement plus souvent chez les socialistes éclairés que les écolos convaincus. Lipietz raconte son rapport propre à Gorz, Jean Zin essaye de reprendre les grands traits de la pensée de Gorz et l'influence qu'il a eu sur lui et sur le site des Verts, Yves Frémion dans une série sur l'histoire de l'écologie podcast la contribution de ce penseur à l'écologie. Je n'ai pas la capacité et le talent pour relater son oeuvre, si tu y portes un quelconque intérêt les différents articles sur le web le font bien mieux que moi.

Mais il n'en reste pas moins une question omniprésente : que fera t'on maintenant de Gorz? Vivra t'il au-delà de son propre parcours et restera t'il gravé dans nos parcours de pensée pour la génération qui comme moi ne l'a pas connue? Les écologistes se lamentent sur la disparition des grands penseurs de l'écologie, mais ils sont eux-même incapable de faire exister les relais pour transmettre la pensée de ces pères. Pour ma part, j'ai découvert Gorz seul, dans un article d'Ecorev, sans qu'aucun ne m'indique les meilleures lectures. A force de vivre dans la recherche du matériel et du scientifique, les écolos en oublient d'écrire leur histoire, de construire leur propre récit et d'élaborer leur propre corpus à la différence des marxistes qui puisent eux dans leur histoire. En Espagne, les oeuvres complètes d'Illich viennent d'être réédités : à quand une écologie qui se donne les moyens de faire diffuser ses classiques en France dans d'autres éditions que les épuisés des années 70?

Il n'y a aujourd'hui pour notre génération plus de monstres vivants, plus de Sartre ou de Camus. La fin du temps des maîtres à penser est-elle souhaitable, je n'en suis pas sur. Mais c'est notre rôle et notre devoir que ceux qui ont apportés leur contribution à une manière de voir le monde continue d'être partagés. Et essayons de ne pas le faire comme à l'image de Sartre, autant adulé qu'il fut en son temps il semble aujourd'hui remisé au placard.

Enfin, c'est surement mon côté non pas macabre, mais bien fleur bleue, qui reste ému par les conditions de cette mort. Une émotion que Cécile a bien su traduire dans son hommage. Dorine et André se sont suicidés ensemble, cela faisait longtemps qu'elle était malade, gravement malade et qu'il n'en pouvait plus de la voir souffir. Une mort à deux, une mort d'un couple aussi belle que tragique. Et aucun lecteur ne devrait laisser de côté sa Lettre à D., dernier ouvrage publié par A.Gorz. Si Gorz n'est pas Sartre, il nous relie à Sartre, il fut son camarade, son compagnon de route aux Temps Modernes, son disciple tout en sachant marquer la distance. J'ai eu un soulagement en lisant les premiers articles sur Doris Lessing juste après son Prix Nobel où elle démonte l'idée d'un couple idéal incarné par Sartre et Beauvoir. Au contraire son écriture, raconte aussi le plaisir qu'il peut y avoir à vivre ensemble et à la vie familiale. C'est une part de l'héritage que Gorz me laisse sans donner de testament moral, il nous montre qu'il n'y a pas de fatalité à la vie de couple et à l'expérience de la vie à deux. C'est ce que ma courte vie m'a aussi appris, je la conçois même comme l'une des plus grandes joies, cette vie de couple si souvent considérée comme conformiste alors qu'elle peut être à la fois tout et rien.

Non, nous ne sommes pas si orphelins de Gorz, si nous le voulons c'est à nous de le faire vivre lui, les anciens et leurs successeurs que nous aurons le plaisir de voir venir.

A très bientôt,

Stéphane

22 octobre 2007

Ecrire de soi, sur soi ou pour soi...Ecrire pourquoi ?

Ami lecteur bonjour,

Vois-tu ils sont quelque uns à me dire et répeter d'ouvrir enfin un blog, de mon côté les textes s'accumulent sans les envoyer nulle part. Me voilà une fois de plus confronté à un de ces cruels paradoxes dont j'ai le secret. Il n'est pas récent pour moi d'être un farouche adversaire de ce format. Les blogs politiques m'ennuient y compris ceux de mes meilleurs camarades, et au fond je les trouve toujours d'une banale superficialité. Une superficialité qui nous détourne du réel et du travail pratique pour se réfugier dans les obscurs confins de la blogosphère. A l'ère de l'information, je dois pourtant surement confesser mon erreur et ma ringardise du moins en ce qui concerne la politique. Parce que c'est aujourd'hui devenu un des outils nécessaires du débat et au contraire les responsables politiques ont tort de s'en passer.

Mais en écrivant ces quelques mots, je n'ai pas la prétention d'ouvrir ici une tribune politique ou un carnet militant. Je n'en ai ni la volonté, ni l'assise suffisante pour prétendre faire partager mes analyses à la terre entière. Bien sur, les lecteurs égarés qui se retrouveraient sur ce site ne couperont pas à quelques lignes de politique, car les pensées et les rêves sont bien celui d'un seul être dont une partie d'habiter ce monde est aussi celle de l'engagement militant. Quelque peu éloigné de mes activités, il n'en reste pas moins difficile d'échapper à ce que l'on est devenu par le fruit de son parcours, de son trajet.

Je ne te propose pas non plus ce qui ressemblerait à un carnet de voyage ou a un aller retour entre regard touristique et point de vue d'autochtone. Certains font cela bien mieux que moi et si vous voulez connaître Madrid bien des auteurs et des conteurs m'ont devancés largement dans cette exercice descriptif. Conscient de mes limites, je n'ai jamais été un virtuose de la plume et du récit. Et lorsque je raconte, le factuel prend bien vite le pas sur l'émotionnel. Alors que dans l'écriture, je n'ai jamais su conté autre chose que mes propres émotions et mes propres sentiments, même à l'heure décrire certains discours.

Alors ma démarche paraît bien égoïste et autocentrée, celle d'un individu contant émotions et pensées solitaires sans savoir si cela garde un quelconque intérêt ou porte encore un sens. Il y a quelques années alors que je passais mon bac de français, l'une des plus belle thématiques étudiées était celle du biographique. Nous étudions alors les raisons d'écrire. Leiris utilisant l'écriture comme une thérapie, comme un triste regard sur soi. Cette démarche m'effraie, mais elle me semble au final inhérente à chacun qui se raconte sur Internet, lorsqu'il ne se contente pas d'une vitrine superficielle. A travers nos mots, nous reflétons notre être même lorsque le sujet nous semble protecteur. Mais ce format donne plus de confort, le récit retrospectif laisse place au chronologique, au récit de l'instantané ou du moins du présent. Il nous évite ainsi de tomber dans les travers d'une psychanalyse publique qui ennuierait tout le monde.

De plus l'exercice me satisfait et m'attire parce qu'il désacralise le rapport à l'écriture. Nous sommes si nombreux à avoir du écrire dans nos activités ou nos études, sans avoir pu croire être à l'aise avec la plume. Combien de fois m'a t'on reproché la lourdeur de mon style ou de mes expressions? A l'heure où chacun à sa manière se répand sur Internet, il n'y a pas de honte à mettre une voix de plus dans les choeurs.

Il est indéniable qu'il y a un côté vaniteux dans le récit de soi qui m'a toujours fait fuir le format du blog illustration criante d'un âge d'exaltation de l'individu. Mais en admettant cette part d'égocentrisme, je me lance et accepte ce pari. Celui de raconter, une vie, ma vie, mais au-delà de moi mon expérience au monde. Un monde trimbalé et défiguré puisque marqué par cette idée d'exil temporaire, involontaire mais non subi. Un monde entre Paris et Madrid, car les pensées ne quittent jamais tout à fait l'un pour rejoindre totalement l'autre. Un monde d'expérience de ce fils d'immigrés espagnols qui retourne sur une terre familiale, si elle n'est familière, en recherche de fragments d'identités.

Ce que je te propose n'est ni tout à fait un récit de moi, ni totalement sur moi vu que mon regard sera résolument tourné vers l'extérieur, c'est sans aucun doute un récit pour moi, même si j'ose croire que ces quelques lignes puissent trouver un sens dans l'oeil et l'esprit d'un autre, ami ou inconnu. Cela aura t'il un sens pour toi? Lacan dit qu'une "lettre trouve toujours son destinataire". J'entame cette aventure sans savoir idée de son but ou de son éventuel succcés. Je prends ces billets comme autant de bouteilles à la mer qui peut-être trouverons un jour leur destinataire.

Et puis enfin, à l'heure de la télévision et mon obsession seriesque vous ne couperez pas à mes petits commentaires sur les petits délices que nous offre le PAF kidnappés par les autoroutes de l'Internet. Et si je me lance enfin dans cet exercice maintes fois recommandés, il faut croire que Gossip Girl y est bien pour quelque chose comme vision idéale et idéalisée pour la langue de pute que je suis et que je reste. Sans oublier que même si je ne prétends pas avoir son talent, ni ses obligations si même Hank Moody se met au "blogging", je ne peux rester le dernier des gardiens du temple.

A très bientôt,

Stéphane

 

PS : Pour les liens de streaming, toujours pas de concurrent crédible à gigistudio et r4v3n

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